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Ce projet ne s'appelle pas Odyssée par hasard. Il s'agit d'une traversée sous la protection des Dieux grecs, ces forces psychiques et cosmiques qui soutiennent (ou contrecarrent) les épopées humaines. Ici, les Olympiens prêtent leur nom à de grands patchworks rectangulaires qui témoignent du passage de l'artiste par l'artisanat. Kyeong-mee Chung, si elle reste fidèle aux matériaux traditionnels qui lui sont chers, les réinvente désormais à la lecture de son âme. Des dessins, parfois sanglants, mais non sans humour en attestent. Elle n'est pas une visiteuse intellectuelle de l'Odyssée. Ulysse, c'est elle. Encore qu'une Ulysse coréenne contrainte de penser, à travers son travail, le trajet qu'elle ne cesse d'effectuer depuis l'Orient pour rejoindre l'Occident. Ses oeuvres suivent la course du soleil. Elles se révèlent tout à la fois sombres et lumineuses. La soie coréenne aux couleurs vives et aux motifs fleuris s'oppose à la flanelle plus épaisse, plus lourde. La contradiction confère à ses tableaux de tissus une organicité, comme un mouvement. L'irisation de la soie, selon l'éclairage, génère des nuances pleines de vie et de subtilité. La puissance de la proposition, son audace, là encore, contraste avec la fragilité qui en émane.

Dans la lumière des tableaux de Kyeong-mee Chung, chaque chant homérique symbolisant une étape sur le chemin de sa vérité, se dessine sur la silhouette d'une femme. Pièce à pièce, reliant les aspects appoliniens et dyonisiaque de son être, cette femme recoud patiemment chacune de ses blessures et apparaît enfin dans la lumière de son propre chant. Chaque oeuvre existe par elle-même. Ensemble, elles forment un tout harmonieux, un récit musical: une odyssée.

Camille Laura Villet
Critique d'art, philosophe

Danse: Alice Gauthier

Artiste: Kyeong-mee Chung

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